
Introduction
Le rapport post mortem est devenu un outil essentiel dans la gestion des incidents informatiques.
Utilisé par les équipes de développement et d'opérations, mais aussi par les responsables de sécurité informatique, il permet d'analyser et de documenter les faits afin d'éviter la récurrence des problèmes et d'améliorer les systèmes et les processus.
Mais d'où vient cette pratique, et comment a-t-elle évolué au fil du temps ?
Origines du rapport post mortem
Le terme "post mortem" provient du latin, signifiant littéralement "après la mort".
Dans le domaine médical, il désigne l'examen d'un corps après le décès pour déterminer les causes du décès.
Dans de nombreux hôpitaux, certains cas sont discutés en commun dans une revue dite de mortalité et de morbidité (RMM).
Adapté au monde de l'informatique, ce concept désigne l'analyse rétrospective d'un incident ou d'une panne majeure, le décès figuré !
Les débuts informatiques
L'idée de documenter un incident n'est pas nouvelle ; dès les débuts de l'informatique, les ingénieurs et les techniciens ont compris l'importance d'apprendre de leurs erreurs.
Cependant, ces efforts étaient souvent informels et non standardisés, ce qui produisait lacunes, oubli et disparités dans les résultats...
Avec la complexification croissante des systèmes informatiques dans les années 1970 et 1980, la nécessité d'une approche plus structurée s'est imposée, le plus souvent sous la forme d’un questionnaire standardisé.
Les années 1990 : la formalisation
Au cours des années 1990, avec l'essor de l'internet et des technologies de l'information, les entreprises ont commencé à formaliser le processus de documentation des incidents.
Cela coïncidait avec la montée en popularité des méthodologies de gestion de projet, comme ITIL (Information Technology Infrastructure Library) qui préconisait l'utilisation de rapports post mortem pour la gestion des problèmes.
Les années 2000 : l'ère de l'agilité
Avec l'avènement des méthodologies agiles dans les années 2000, le rapport post mortem a pris une nouvelle dimension.
Les équipes de développement logiciel, adoptant des cycles de développement rapides, ont commencé à intégrer des rétrospectives de sprint, des points de réflexion réguliers pour évaluer ce qui a bien fonctionné et ce qui doit être amélioré.
Ces rétrospectives ont souvent inclus des discussions sur les incidents et les pannes, rapprochant ainsi la notion de post mortem avec des pratiques de travail agiles et itératives.
Les années 2010 : le DevOps et l'amélioration continue
L'essor du mouvement DevOps au début des années 2010 a encore renforcé l'importance du rapport post mortem.
DevOps, qui prône une collaboration étroite entre les équipes de développement et d'opérations, se concentre sur l'automatisation, l'amélioration continue et la résilience des systèmes.
Dans ce contexte, le rapport post mortem est devenu un outil clé pour analyser les défaillances, identifier les points de friction et améliorer les processus.
Les éléments constitutifs d'un rapport post mortem
Un rapport post mortem efficace doit comporter plusieurs éléments clés :
• Résumé de l'incident : une description concise de ce qui s'est passé, y compris la date, l'heure et la durée de l'incident.
• Impact : une estimation des conséquences de l'incident, que ce soit en termes de temps d'arrêt, de perte de données, de coût financier ou d'impact sur les clients.
• Causes racines : une analyse approfondie des causes de l'incident, souvent à l'aide de méthodes comme les "5 Pourquoi" ou l'arbre des causes.
• Actions correctives : la liste des mesures prises pour résoudre l'incident et prévenir sa récurrence.
• Expérience acquise : une réflexion sur ce qui a été appris de l'incident et comment cela peut être appliqué à l'avenir pour améliorer les pratiques et les systèmes.
• Plan de suivi : des recommandations pour les actions futures et un calendrier pour leur mise en œuvre.
Les avantages du rapport post mortem
La rédaction de rapports post mortem présente des avantages majeurs pour les entreprises et les organisations :
• Amélioration continue : en analysant les incidents de façon structurée, les entreprises peuvent identifier des opportunités d'amélioration et mettre en place des changements pour éviter des problèmes similaires à l'avenir.
• Transparence : les rapports post mortem favorisent une culture ouverte et responsable, où les erreurs sont vues comme des opportunités d'apprentissage plutôt que des échecs à dissimuler.
• Communication : ces rapports facilitent les échanges entre les différentes équipes et les parties prenantes, en fournissant une documentation claire et structurée des incidents et des actions prises.
• Résilience : en apprenant de chaque incident, les systèmes et les processus, comme ceux qui les mettent en œuvre, deviennent résilients en apprenant comment mieux résister aux pannes futures, ou aux éventuelles exploitations de failles logicielles par une cyberattaque.
Conclusion
Le rapport post mortem est un outil puissant pour toute entreprise cherchant à améliorer continuellement ses pratiques et ses systèmes, et par là son niveau de sécurité informatique.
En documentant de manière systématique les incidents, en analysant les causes et en mettant en œuvre des actions correctives, les équipes peuvent transformer des événements négatifs en opportunités d'apprentissage, voire de croissance.
À une époque où la fiabilité et la résilience des systèmes informatiques sont plus critiques que jamais, l'utilisation correcte des rapports post mortem n'est pas seulement une pratique conseillée, mais une nécessité absolue.
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